Chronique pour l'album Underwater Steps , écrite par Laurent Brun , chroniqueur chez Jazz Rhone Alpes , parution le 26 septembre 2021

En ouverture Tatiana Alamartine, seule, Once upon a time... under the sea, tout à méditer. Piano solo, musique expressive, contemporaine, longue improvisation où s'accrochent des sensations, crescendo, point d'interrogation, suspension, un rythme intérieur, des tensions qui s'évanouissent dans les brumes de l'harmonie. Beau tableau.
Paradox, et le rythme se met en place, sorte de cinq temps, pour bien faire, aurait rajouté Patrice Caratini. Une improvisation, comme un long thème, fait de quelques notes, qui s'intercalent, une pédale, une tonalité, obsédante. Là encore d'une grande expressivité, de celle qui nous amènent des images, instantanément, rappelant un lieu, un évènement, un souvenir. Mystère musical.
Exploration où un dialogue en écho. Aux arpèges du piano, grandes enjambées, répond sobrement la flûte de Jocelyn Aubrun, avec ce léger vibrato qui la rend si humaine. Après s'être découverts, les deux marchent ensemble. Long cheminement vers l'apaisement.
Underwater Steps. La pédale du piano au plancher, les notes se détachent et vivent de multiples vies au contact des suivantes. Ce serait aérien, dirions-nous, sans connaitre la sensation que pourrait procurer le sous la mer. Question de pression peut être. Est-ce du bleu que cette musique-là ? Assurément. Avec toutes ses nuances, caresse de bleu, vertige du bleu. Les plongeurs parlent d'ivresse. L'improvisation, qui se déploie, invite à cet état.
Arktic poursuit l'atmosphère du morceau précédent. Notes acérées. Vives. Ça parle d'éléments : après l'eau, la glace. Peut-on parler de pureté des notes ? De transparences ? Le format du morceau nous y invite.
Scaph me rappelle ce beau développement d'Eve Risser dans « des pas sous la neige ». Accorder un piano. Lancer la note, la faire résonner, entendre les harmoniques, se laisser troubler par les degrés d'incompréhension qui s'exposent, prémices d'une composition, comme une peau d'oignons qui se pèle et laisse découvrir ce qui se cachait en dedans. Creuser le sillon.
Jusqu'à... The ice song, peut-être une chanson d'amour ? Surtout pas froide, de celle qui brûlerait plutôt. Le piano et le violon de Charles Castellon ont tant de choses à se raconter, à confronter, avec intensité. On dirait deux danseurs, qui viennent se frotter. Encore de l'expressivité, non pas à revendre mais à donner.
Without waiting. L'inverse d'en attendant Godot. Ça dit l'envie, pas l'absurdité, ça parle de désir, pas d'ennui, ça évoque les doutes, sans l'espoir, surtout pas l'espoir.
Mer de Lybie. Oh ces sons de violon asiatique, le ehru de Li'ang Zhao. Ça vous arrache des larmes. On atteint le sublime dans le duo. Ce que développe le film « Bigger than us » : ça va au-delà de la musique, c'est plus fort que nous. Sorte de blues, qui parle plus loin, qui nous dépasse. L'universel, c'est cela. Une belle page de musique contemporaine.
Avec The foil song on entre dans du méditatif nostalgique, une sorte d'introspection, zones d'ombres demandent autorisation d'exposition.
So pop. Soupape ? Soap up ? Comme son nom ne l'indique pas, on serait dans une petite pièce classique. Délicat pied de nez.
Floating in the air boucle l'album en majesté.

Il était une fois une pianiste qui flottait dans les airs. A moins que cela ne soit sous la mer. Mais alors elle ne flotte pas, elle se meut. Elle suit le fil de ses improvisations jusqu'à créer derrière elle un sillon poétique où s'inscrivent ses doutes et ses désirs. Elle se déploie, se découvre, au fil de l'album, avec toute la félicité d'un art qui ne veut s'ennuyer sous aucun prétexte, et qui ne fait pas dans l'illusion. La justesse du propos est un ravissement. Mais il faut prendre le temps de rentrer dans cet univers. La beauté vient sous ses doigts et les duos proposés arrivent comme des cadeaux. Ici l'improvisation se hisse au rang de grand art. J'avais déjà comparé le jeu de Tatiana Alamartine à celui de René Bottlang, ce pianiste suisse que j'avais eu la joie de côtoyer lors d'un stage. Elle a cette sorte d'expressivité qui lui permet de faire de ses improvisations des objets artistiques proches, une forme contemporaine à notre portée. Pour notre plus grand plaisir. Et cela n'est pas donné à tout le monde.


Laurent Brun , pour jazz Rhone Alpes, le 27 septembre 2021


 Chronique sur l’album ´Underwater Steps’  ( encadré jaune ) , dans l’article sur Jeanfrançois Prins, écrit par Jean Claude Vantroyen 

texte paru le 25/08/21 dans le quotidien bruxellois ´Le Soir ´ 


"Avec Fluidity, Tatiana Alamartine nous offre un univers musical très personnel, combinant avec grande intelligence, lyrisme et jazz actuel. On est immédiatement séduit par des mélodies originales et captivantes, et des rythmes qui bousculent les conventions. Les trois musiciens qui composent le trio sont talentueux et en parfaite osmose avec l'univers de Tatiana. Fluidity est donc un spectacle hautement recommandé par bémol 5 ! »

de Yves Dorn, gérant du Bémol 5, Lyon, France, avril 2019.

Concert de Fluidity du 25-04-19

"En dépit des cataractes qui s'abattent sur la ville, direction les Pentes pour découvrir à La Clef de Voûte le nouveau projet en quartet de la pianiste Tatiana Alamartine. 

Elle s'est entourée du soufflant Aloïs Benoît qui alternera euphonium et trombone, du bassiste Clément Jourdan et du batteur Wendlavim Zabsonré.

Carton plein, la salle affiche complet. C'est toujours plaisant et pour l'ambiance et pour les musiciens.

Le set débute avec un thème qui ressemble à Spain ou plutôt un dérangement

 « maison » du tube de Chick Corea. Ce genre d'exercice est toujours intrigant.

Suit Méditation de Clément ; un rythme constant du début à la fin marqué par la caisse claire et le charleston d'une façon entêtante pour permettre au trombone avec sa sourdine de s'exprimer calmement. 

Suivront plusieurs compositions de Tatiana dont Spring Inspiration où l'on retrouve toute la fougue de ces jeunes musiciens qui aiment dévaler des pentes de notes.

On calme le jeu avec une reprise très subtile de Béatrice de Sam Rivers où encore une fois le trombone tient une place centrale et où Clément Jourdan peut enfin nous proposer un chorus de basse.

Le second set débute par un solo d'improvisation au piano où l'on retrouve par moments des inspirations « à la Jarrett ».

Le troisième morceau est copieux : Système d'équations à deux inconnues (il suffit de voir les nombreuses pages qui ornent le pupitre du piano) cela démarre plutôt calmement avant de s'envoler au piano puis à l'euphonium avant que les deux autres compères y aillent de leur solo. Un morceau varié et plaisant.

Le set se termine par une composition toute guillerette et amusante Lucky, effet accentué par la sourdine du trombone « solotone » augmentée d'un kazoo à l'effet étonnant. 

Cette jeune formation aura réussi à nous tenir en haleine tout au long de son concert en alternant les rythmes et les compositions de l'une ou de l'un avec une belle assurance à l'attention d'un public sous le charme."


article et photos 

de Pascal Derathé, chroniqueur chez Jazz Rhône Alpes, 26/04/2019

Article sur le Cd ’Searching’ (italien) 

'Un onda emozionale di intensi frammenti offerti con trasporto e privi di filtro. È un'intima raccolta di pensieri sparsi "Searching", un personale diario sonoro composto da Tatiana Alamartine tra Bologna e Lione, la cui pubblicazione inaugura la nuova serie Acoustic Collection curata dalla francese VoxxoV.

Le diciotto tracce che compongono il lavoro sono brevi bozzetti pianistici venati da una dolce striatura malinconica, costruiti attraverso leggere e fluenti danze armoniche("Mindly", "Wind") a volte tradotte in torrenziali cascate di note cariche di avvolgente enfasi ("Million waves", "Space work") e atratti viranti verso placide risonanze notturne ("Alla t night", "A"), fino a diventare conciso intermezzio di travolgente immediatezza ("Searching", "D", "E"). Dalle delicate melodie tracciate dalla pianista francese profonde un romantico lirismo che trova il suo apice quando si riversa nelle trame risonanti della essenziale "Such an eagle" o della più strutturata "Save it quickly".

Un pianismo dall'impatto disarmante che sa conquistare attraverso un linguaggio sincero e accessibile scevro da inutili sovrastrutture.

La forza della semplicità.

de SoWhat, critique musical

texte de janvier 2018.

lien vers l’article : sowhat

Article sur le Cd ’Searching’ (anglais)

'We tend to roll our eyes whenever we see Nils Frahm name-checked in a press release; but this time, the comparison rings true. While Searching may be more "Ambre" than "Tristana", her Bosendörfer pieces do share the timbre of Wintermusik. The artist plays a lot of notes with a lot of feeling; even the two-minute tracks hold more ideas than many tracks twice their length. While this is only her debut album, we already have high hopes for a grand career.

The famous Viennese piano can make almost any performer sound better, but only an already accomplished composer can sound great. There's obvious love in the way Alamartine approaches the ivories, often reluctant to end a piece, giving it a farewell kiss, as in "Mindly". During "All at Night", we begin to hear the flakes fall in flurries of notes, rapid yet tender. Again she retreats at the end, shares a wistful goodbye. Four of the subsequent tracks will top out at under a minute, connective sketches like bonding ice. One wonders what she would do with a suite. To hear eighteen tracks in forty minutes is nearly maddening; one pictures sheet music madly transposed and strewn about the room as new ideas blow through the window, interrupting the old. "Looking Forward" is only as long as a heartfelt embrace, leaving one simultaneously satisfied and wanting more. But of course this is a compliment to the composer of this debut album; far too many composers have only a few ideas and stretch them too thin.

Paskine's lovely cover art offers swirling colors in regimented squares, a departure for the label. This is a great way to introduce VoxxoV's Acoustic Collection, as the impression is one of different moods all found in the same place. And Alamartine does shift gears in the middle pieces, switching wonder for contemplation in pieces such as "B". There may have been a missed opportunity here, as the number of shades is roughly analogous to the number of tracks, but it's still fun to imagine the pairings: slate blue for the melancholy "B", peach pink for the tentative yet willing "Space Work", sage green for the confident, meadow-like "Pieds Nus" ("Barefoot"). One must purchase the CD to receive the bonus tracks, but then one gets extra colors as well, a double bonus. Among these is the ironically titled "Save It Quickly", which is longer than the six shortest tracks combined, but serves as welcome evidence that Alamartine is capable of creating sustained pieces that enchant throughout their length. The other, simply titled "Song", is her most pop-leaning, major-chorded piece, a hint at her crossover potential. We're looking forward to hearing more from this new talent, as well as from the Acoustic Collection, but Searching is a wonderful start for both. 

de Richard Allen , pour A Closer Listen, critique musical,

texte de décembre 2017.

lien vers l’article : acloserlisten

Extrait Article sur le Cd Searching

'C'est une synthèse fluide et dynamique qui crée une ambiance suspendue et vibrante à travers une anthologie mesurée de temps et de timbres. ‘

décembre 2017

lien vers l’article : musicwontsaveyou

Article sur Jazz a Vienne 2017- Concert solo

'C’est une belle gageure que de tenter un concert en solo pour une jeune pianiste. La réussite était pourtant au bout du set pour Tatiana Alamartine. Elle a su saisir son public avec une musique toute empreinte d’émotion, émotion que l’on peut lire parfois sur le visage de l’interprète. Son interprétation pleine de fraicheur, de compositions originales que traversent parfois Bach ou Debussy, ou que vient réjouir un swing bien balancé et parfaitement maitrisé, a touché le public qui , ainsi que me l’ont dit les voisins, serait bien resté un peu plus longtemps pour l’entendre. On ne peut , en effet, être étranger à ce flot de sensations et d’émotions de tous ordres qui nous caressent, dont quelques unes ne sont pas sans évoquer cette mélancolie curieusement parsemée de notes joyeuses, que l’on entend parfois dans certaines chansons de Barbara, ou pointe, malgré tout, une furieuse envie de vivre. C’est avec une grâce exquise que Tatiana Alamartine a su toucher le coeur de ses auditeurs, ce qui laisse augurer pour elle d’un avenir prometteur.'

Michel Mathais, chroniqueur pour 'Jazz Rhône-Alpes'.

juillet 2017.

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